Jean-Jacques Lebel

Né à Neuilly-sur-Seine le 30 juin 1936
Jean-Jacques Lebel

Biographie

Repères biographiques asynchrones

Né à Paris en 1936, Jean-Jacques Lebel fait tôt, à New York, trois rencontres décisives : Billie Holiday, Marcel Duchamp et André Breton.
Il publie sa première revue d’art, de poésie et de politique, Front unique, à Florence, où a lieu en 1955 sa première exposition à la galleria Numero. Après un passage turbulent chez les surréalistes, il expose à Milan chez Arturo Schwarz, chez Iris Clert et chez Simone Collinet à Paris, puis dans d’innombrables musées et galeries à travers le monde. Jean-Jacques Lebel est l’auteur, en 1960, à Venise, de L’Enterrement de “la Chose” de Tinguely, le premier happening européen. Il publie sur le mouvement des happenings le premier essai critique en français. À partir de cette date, il produit plus de soixante-dix happenings, performances et actions, sur plusieurs continents, parallèlement à ses activités picturales, poétiques et politiques. Il travaille à Paris, Londres, New York ou ailleurs, avec Oldenburg, Kaprow, Kudo, Erró, Carolee Schneemann, Yoko Ono, Pommereulle, Nam June Paik, Robert Filliou, etc. En 1966, il traduit en français et publie ses amis William Burroughs, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, Gregory Corso, Michael McClure, Diane di Prima, Bob Kaufman, Jack Kerouac et autres dans La Poésie de la Beat Generation.
Il co-organise en 1960 et 1961, à Paris, Venise et Milan, l’Anti-Procès, une manifestation et une exposition internationales itinérantes regroupant une soixantaine d’artistes de tendances diverses, prenant position contre la guerre d’Algérie et contre la torture. En 1960, il prend l’initiative du Grand Tableau Antifasciste Collectif (de quatre mètres sur cinq mètres), peint avec Baj, Dova, Crippa, Erró et Recalcati, puis exposé à l’Anti-Procès de Milan en 1961. Après être resté séquestré pendant vingt-quatre ans par la Questura de Milan, ce tableau est retrouvé, restitué aux artistes et enfin exposé à l’Hôtel national des Invalides en 1992 (La France en guerre d’Algérie), au musée national d’Art moderne / Centre Georges Pompidou en 1996, dans le cadre de la manifestation L’Artiste face à l’Histoire, et dans six musées européens, le dernier en date étant le musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg en 2000. En 2008, il figure dans la grande exposition du musée national d’Art moderne et contemporain d’Alger, Les Artistes internationaux et la Révolution Algérienne. Le tableau est actuellement domicilié au musée des Beaux-Arts de Caen.
Jean-Jacques Lebel invente en 1964 le Festival de la Libre Expression, puis en 1979 le Festival international Polyphonix qui s’ouvre à des artistes, des poètes, des cinéastes et des musiciens de dizaines de pays. Ces manifestations, nomades et autonomes, présentent de la poésie directe, des concerts, de l’art-action, des expositions, des projections de films ou de vidéos.
Depuis sa création, Polyphonix a montré le travail de plusieurs centaines d’artistes d’origines diverses, de Paris à San Francisco, de Milan à New York, de Budapest à Québec, de Naples à Créteil, de Bruxelles à Parme, du Crédac d’Ivry-sur-Seine à l’hôpital psychiatrique de La Verrière, de Rome à Barcelone, de Szeged (Hongrie) à Cétinié (Monténégro), du Fresnoy à Tourcoing au pavillon de l’Hippodrome de Caen en 2001. La quarantième édition a eu lieu en octobre 2002, notamment au Centre Georges Pompidou, à la Maison de la Radio, au Fresnoy et à l’hôpital psychiatrique de La Verrière, en coproduction avec une quinzaine d’instituts culturels étrangers. À cette occasion a été publiée par les éditions du Centre Pompidou une importante anthologie illustrée, accompagnée d’un CD. L’édition 2009 de Polyphonix a eu lieu dans le cadre du Festival d’Automne, au «104» à Paris. Deux soirées d’hommage à Bernard Heidsieck ont été organisées par Polyphonix : au Palais de Tokyo le 17 novembre 2011 et au Centre Georges Pompidou le 16 septembre 2015.
En 1967, Jean-Jacques Lebel met en scène Le Désir attrapé par la queue, la pièce de Picasso, avec Taylor Mead, Rita Renoir, Ultra Violet et le groupe de rock anglais «The Soft Machine».
En 1968, il prend part aux activités du «Mouvement du 22 mars», puis du groupe anarchiste «Noir et Rouge», et à «Informations et correspondances ouvrières». Il suit l’enseignement du philosophe Gilles Deleuze à la faculté de Vincennes et à la faculté de Saint-Denis. Il produit des émissions à France Culture sur Allen Ginsberg, Pierre Clastres, le Comité d’action LIP, Linton Kwesi Johnson, John Giorno, Jayne Cortez, Bernard Heidsieck et de nombreux autres sujets d’actualité culturelle et politique.
Dans les années 1970, il dirige avec Daniel Guérin, aux éditions Pierre Belfond à Paris, la collection «Changer la vie !» où ont été réédités plusieurs grands textes historiques du mouvement anarchiste international.
Dès 1988, au retour d’un long exil méditatif, Jean-Jacques Lebel recommence à exposer publiquement son propre travail pictural dans des galeries et musées, en Europe, aux USA et au Japon. En 1992, le Kjarvalsstadir (musée municipal de Reykjavik) lui consacre une grande exposition. Son Monument à Félix Guattari– une machine multimédia motorisée tournoyante de huit mètres de haut où sont intervenus une soixantaine de performeurs – est présenté en 1994 et 1995 au musée national d’Art moderne / Centre Georges Pompidou dans le cadre de l’exposition Hors Limites. L’Art et la Vie. Plusieurs maquettes électrifiées de ce monument sont présentées en mai 1996 à la galerie de Paris et à la galerie 1900-2000, et en août à la galleria Franca Mancini de Pesaro à l’occasion d’une exposition intitulée Rue Rossini. Une version légèrement modifiée est présentée dans son exposition Soulèvements I à La maison rouge en 2009.
En 1998, une grande exposition itinérante présentant une centaine de ses œuvres, datées de 1951 à 1999, débute au Museum Moderner Kunst 20er Haus et au Kriminalmuseum de Vienne. Elle voyage ensuite au musée Ludwig de Budapest et à la Galerie der Stadt de Kornwestheim, à la Kunsthaus de Hambourg et à la Fondazione Morra de Naples en 1999, à la Fondazione Mudima de Milan et à la Haus am Waldsee de Berlin en 2000. Elle termine son périple à la Villa Tamaris de la Seyne-sur-Mer en 2002.
Sa manifestation itinérante – l’installation polymorphique et évolutive, Reliquaire pour un culte de Vénus, commencée à Vienne en 1998 au musée Zwanziger Haus, composée de plus de trois mille éléments collectés à travers l’Europe – se déroule en 2001 et 2002 au FRAC de Basse-Normandie à Caen, au Casino de Luxembourg, au Crédac d’Ivry-sur-Seine, à la Villa Tamaris (accompagnée, à cette occasion, d’une soixantaine d’œuvres de types variés) et à l’Institut français de Barcelone en 2003. La galerie Louis Carré & Cie présente une 14e version inédite en 2004. D’autres versions sont présentées au musée d’Art moderne de Saint-Étienne et au ZKM de Karlsruhe en 2012 et 2014. En tout, cette installation protéiforme a été exposée dans plus de vingt-trois musées, centres d’art, galeries ou lieux alternatifs en Europe.
En 2000, Jean-Hubert Martin, alors directeur du Museum Kunst Palast de Düsseldorf, commande à Jean-Jacques Lebel un dispositif sonore in situ détournant de son sens premier une sculpture en pierre d’Arno Breker, Aurora – trônant encore sur le toit du musée – et deux nus féminins en bronze de Gottschalk, montant la garde devant l’entrée. Exemples du plus classique kitsch pré-nazi jouissant du statut de «monument national», il a fallu, littéralement, «changer le discours» de ces répugnantes icônes et en faire des statues loquaces afin de les «remettre à l’endroit» avec du bel canto dadaïsé.
La galerie 1900-2000 lui consacre une exposition personnelle à la FIAC en 2001. En novembre 2003 a lieu la première exposition personnelle de Jean-Jacques Lebel à Londres, à la Mayor Gallery.

De 2003 à 2006 se déroule à Hambourg, puis à Leverkusen, Leipzig et Graz, une grande manifestation collective produite par Harald Falckenberg – Phœnix Art 2003 – rassemblant quatre amis, quatre protagonistes du mouvement des happenings dans les années 1960, quatre plasticiens / cinéastes / poètes : Öyvind Fahlström, Erró, Addi Köpcke et Jean-Jacques Lebel.
En 2007, Jean-Jacques Lebel termine, après sept années de travail, une œuvre numérique qui est une vidéo-installation pour quatre écrans transparents disposés en cube ouvert, Les Avatars de Vénus. Les premières de la version cinématographique linéaire, éditée et distribuée en DVD par Re:Voir, ont lieu au Centre Georges Pompidou et au ZKM de Karlsruhe en 2008. Cette vidéo-installation est présentée en 2009 à La maison rouge, Fondation Antoine de Galbert dans l’exposition Soulèvements I. Deux autres expositions ont lieu à Paris durant la même période : à la galerie 1900-2000 et à la galerie Christophe Gaillard.
En 2012, la galerie Louis Carré & Cie présente Jean-Jacques Lebel. Recycler, détourner, un panorama d’assemblages et de collages de 1962 à 1995, avec notamment des œuvres des séries Christine Keeler Tabloïd et Ya bon, Banania !
Le musée d’Art moderne de Saint-Étienne lui consacre une rétrospective en 2012 : Jean-Jacques Lebel. Peintures, collages, assemblages – 1955-2012 (commissaire : Lórànd Hegyi). Une importante rétrospective a lieu au MAMCO de Genève en 2013 : Soulèvements II, cycle L’Éternel Détour (commissaire : Christian Bernard), puis au ZKM, Zentrum für Kunst und Medientechnologie de Karlsruhe en 2014 : Jean-Jacques Lebel, Soulèvements III. Il n’est d’art qu’insurrectionnel (commissaire : Bernhard Serexhe).
Jean-Jacques Lebel a publié divers ouvrages : La Poésie de la Beat Generation (anthologie, textes traduits de l’américain et présentés par Jean-Jacques Lebel), Paris, éditions Denoël, 1965 ; Le Happening, Paris, éditions Denoël, collection «Les Lettres Nouvelles», 1966 ; Lettre ouverte au regardeur, Paris, éditions The English Bookshop, 1966 ; Teatro y Revolucion, Caracas, éditions Monte Avila, 1967 ; Entretiens avec le Living Theatre, Paris, éditions P. Belfond, 1968 ; La Chienlit. Dokumente zur Französischen Mai-Revolt, Darmstadt, Joseph Melzer Verlag, 1969 ; L’Am(o)ur et l’Argent, Paris, éditions Stock, 1979 ; Poésie directe. Des Happenings à «Polyphonix», avec Arnaud Labelle-Rojoux, Paris, éditions Opus International, 1994 ; Grand Tableau Antifasciste Collectif, Paris, éditions Dagorno, 2000 ; À pied, à cheval et en Spoutnik, recueil de textes sur l’art sous la direction de Didier Semin (préface de Didier Semin), Paris, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2009 ; Happenings de Jean-Jacques Lebel ou l’insoumission radicale, avec Androula Michaël, Paris, éditions Hazan, 2009 ; Angeli (Fac-similé d’un carnet de dessins), Crisnée, éditions Yellow Now, 2009 ; Interdit au-delà(édition en français et édition en allemand), Cologne, éditions W. Koenig, 2014 ; Épopée d’un tableau de Erró kidnappé pendant cinquante-deux ans, La Bussière, éditions Acratie, 2014 (édition bilingue illustrée).
Il a organisé ou co-organisé, par ailleurs, un certain nombre d’expositions collectives, individuelles ou thématiques dont l’Anti-Procès I, II, III (Paris, Venise, Milan, 1960-1961) ; Pour en finir avec l’esprit de catastrophe (Paris, 1962) ; Polyphonix(Paris, 1982) ; Les Scapes de Erró (à l’ARC, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 1985) ; Désir / Désordre (The Gallery, Milan, 1990) ; Victor Hugo, peintre (musée d’Art moderne de Venise, 1993) ; Picabia, Dalmau 1922 (à l’IVAM de Valence en 1995, à la Fondation Tapiès de Barcelone et au musée national d’Art Moderne / Centre Georges Pompidou, en 1996) ; Cent Cadavres Exquis, Juegos Surrealistas (Fundación Colección Thyssen-Bornemisza, Madrid, 1996-1997) ; Jardin d’Éros (Barcelone, 1999 et Bergen, 2000) ; Du chaos dans le pinceau, avec Marie-Laure Prévost, une présentation nouvelle de l’œuvre plastique de Victor Hugo – coproduite par la Bibliothèque nationale de France – au musée Thyssen-Bornemisza de Madrid et à la Maison de Victor Hugo à Paris, en 2000/2001 ; une exposition qui a révélée la permanence et la complexité de l’inspiration érotique chez Picasso, Picasso érotique, au musée des Beaux-Arts de Montréal, en 2001.
En 2005 et 2006, le Museum Kunst Palast de Düsseldorf et le Padiglione d’Arte Contemporanea de Milan ont présenté Le Labyrinthe Artaud, un montrage polytechnique innovant co-organisé par Dominique Païni et Jean-Jacques Lebel, pour lequel il a conçu une installation, reconstitution exacte de la salle des électrochocs de l’hôpital psychiatrique de Rodez où Antonin Artaud a subi entre 1943 et 1946 cinquante et une séances d’électrochocs à très haute intensité.
En 2008, à l’abbaye d’Ardenne de Caen, l’IMEC a produit l’exposition L’un pour l’autre. Les Écrivains dessinent(commissariat Jean-Jacques Lebel), présentée ensuite au musée Berardo de Lisbonne et au musée d’Ixelles à Bruxelles en 2009. En 2013, Jean-Jacques Lebel a organisé l’exposition Beat Generation / Allen Ginsberg (Centre Pompidou-Metz ; Le Fresnoy, Tourcoing ; ZKM, Karlsruhe ; Champs Libres, Rennes ; prolongement au musée d’Art moderne de Budapest en 2014). En 2016, Jean-Jacques Lebel a été co-commissaire de l’importante exposition rétrospective prolongeant les précédentes consacrées à la Beat Generation (musée national d’Art moderne / Centre Georges Pompidou, Paris). Cette manifestation continuera au ZKM de Karlsruhe en 2017.
Des œuvres de Jean-Jacques Lebel figurent dans de nombreux musées parmi lesquels le musée national d’Art moderne / Centre Georges Pompidou, le musée d’Art moderne de la Ville de Paris, la Galleria Nazionale d’Arte Moderna de Rome, le Ludwig Múzeum de Budapest, le musée d’Israël de Jérusalem (collection Arturo Schwarz), le Museo Vostell de Malpartida, le Museu Coleção Berardo à Lisbonne (Portugal), le musée d’Art contemporain de Barcelone (MACBA), le Museum Kunst Palast de Düsseldorf, le musée de Graz, le musée des Beaux-Arts de Montréal, The N.Y.U. Grey Art Gallery (New York), le musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun, le musée d’Art Moderne d’Alger, le musée des Beaux-Arts de Nantes, etc.
Plusieurs films ont été consacrés à son œuvre plastique et/ou ses actions, parmi lesquels, Le Cow-boy et l’Indien, d’Alain Fleischer (1994) ; Le Monument à Félix Guattari (avec de très nombreux participants), de François Pain (1995) ; Le Visiteur, d’Alain Fleischer (1998) ; Trois Happenings de Jean-Jacques Lebel, de Christian Bahier (2001) ; Day Nine, de Jonas Mekas (2007) ; L’Art du montrage de Jean-Jacques Lebel, de Danielle Schirman (2010).
Une exposition protéiforme et rhizomique du travail de Jean-Jacques Lebel est en préparation à Paris pour février 2018 au musée national d’Art Moderne / Centre Pompidou et au Palais de Tokyo.

 

JEAN-JACQUES LEBEL FAIT TÔT, À NEW YORK, TROIS RENCONTRES DÉCISIVES : BILLIE HOLIDAY, MARCEL DUCHAMP ET ANDRÉ BRETON.

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